Chine : Pékin accélère sur l’or physique en misant sur l’Afrique et l’Amérique du Sud
- Julie Poitoux
- 26 mai
- 3 min de lecture

En bref
La Chine multiplie ses investissements dans les mines d’or étrangères, en particulier en Afrique (Zimbabwe, RDC) et en Amérique du Sud (Venezuela, Bolivie).
Pékin cherche à sécuriser ses approvisionnements en or physique, en contournant les marchés occidentaux et le dollar.
La Banque populaire de Chine (PBoC) continue d’accumuler des tonnes d’or chaque mois, avec plus de 2 300 tonnes officielles — chiffre probablement sous-estimé.
L’objectif est clair : renforcer le yuan comme monnaie de règlement mondiale, diversifier les réserves chinoiseset s’affranchir de la domination du dollar US.
Cette stratégie s’inscrit dans une tendance plus large de remonétisation de l’or par les BRICS+.
L’or, pilier de la dédollarisation made in China
Depuis plusieurs années, la Chine déploie une stratégie active de dédollarisation : réduction des bons du Trésor US dans ses réserves, multiplication des accords de swap en yuan, et montée en puissance du Shanghai Gold Exchange. L’objectif ? Sortir du système dominé par SWIFT et le dollar, en construisant une base monétaire alternative.
Dans cette logique, l’or devient l’actif stratégique de confiance : physique, hors juridiction américaine, stockable et échangeable entre États partenaires.
Où la Chine investit-elle ?
Afrique australe :
Zimbabwe : accords conclus via des entreprises publiques chinoises pour exploiter plusieurs concessions aurifères.
République Démocratique du Congo (RDC) : investissements conjoints or-cuivre, avec une préférence pour des contrats à long terme en nature.
Amérique latine :
Venezuela : soutien indirect à la Banque centrale pour relancer la production nationale d’or.
Bolivie : exploration via des groupes mixtes sino-boliviens.
Les projets sont souvent adossés à des financements étatiques ou semi-publics, avec contreparties en infrastructures, électricité ou logistique.
Pourquoi l’or maintenant ?
Contexte géopolitique tendu : risques de sanctions, guerre monétaire larvée, besoin d’actifs refuges hors sphère occidentale.
Érosion de la confiance dans le dollar : la Chine anticipe une crise de crédibilité du système financier US, exacerbée par la montée de la dette américaine (36 000 G$) et la fragmentation géopolitique.
Préparation monétaire BRICS : l’or pourrait servir de socle à une monnaie de règlement inter-BRICS, en attendant une solution numérique plus avancée.
Chiffres-clés et signaux faibles
Indicateur | Valeur estimée |
Or officiel PBoC | 2 330 tonnes (probablement > 3 000 tonnes réelles) |
Importations 2024 | +540 tonnes d’or via Hong Kong, Macao, Suisse |
Part de l’or dans les réserves chinoises | 4,9 % (vs > 60 % pour les USA) |
Projets miniers chinois actifs (Afrique + Amérique Sud) | > 30 recensés depuis 2022 |
Ce que cela implique pour l’écosystème monétaire mondial
Rôle de l’or revalorisé : retour en grâce de l’or comme instrument de stabilité monétaire, notamment dans les économies émergentes.
Fragmentation du système : l’or permet à la Chine de construire un circuit parallèle, résilient aux sanctions et à l’extraterritorialité du droit américain.
Compétition avec le Bitcoin ? Pas nécessairement : pour certains analystes, l’or est la brique monétaire physique, le BTC la brique numérique. La Chine privilégie le premier, les pays comme le Salvador ou des entreprises comme MicroStrategy misent sur le second.
À surveiller
Prochains accords miniers dans des pays sous influence chinoise (Mali, Suriname, Nicaragua ?).
Évolution des réserves officielles chinoises — notamment si la PBoC admet une détention plus élevée.
Rôle de l’or dans les BRICS+ 2025 : intégration à une nouvelle architecture financière multipolaire ?
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